La soutenance orale à l’université : exercice normatif ou expérience formatrice ?
Résumé
La contribution s’inscrit dans l’axe 3 de la journée d’étude : les pratiques langagières orales effectives. Il s’agit de produire une analyse issue d’une enquête exploratoire réalisée sur l’activité orale produite dans le cadre des soutenances de fin d’année à l’université, au niveau Master, dans un diplôme de Sciences de l’éducation, spécialité formation des adultes.
L’étude s’inscrit dans un programme de recherche consacré à la posture de l’apprenti formateur comme mise en tension entre mise en scène de soi et construction de la relation pédagogique.
Le contexte de l’étude est celui de l’unité élémentaire (UE) de recherche de deuxième année. Cet enseignement vise la construction par la recherche en éducation et formation de compétences relatives à l’analyse compréhensive de l’activité d’apprenants en formation. Les compétences visées sont les suivantes : 1) mener une enquête scientifique sur le terrain de la formation, 2) décrire et analyser l’activité d’apprentissage en formation, 3) identifier des orientations pragmatiques pour accroitre l’efficacité de la formation.
La problématique à laquelle répond cette contribution est de savoir si l’exercice de soutenance orale prévue dans cette UE et présentée aux étudiants par les enseignants comme une évaluation formatrice, est susceptible de s’inscrire ou non dans une dynamique de construction des compétences visées dans le référentiel du diplôme à savoir : 1) organiser un climat d’intervention efficace, 2) animer différentes formes de formation en présentiel collectif, 3) animer des ateliers individualisés dans le cadre d’un projet professionnalisant, et finalement 4) s’exprimer oralement de façon adéquate à la situation afin de servir les trois points énoncés plus tôt.
Le cadre théorique et méthodologique mobilisé pour cette étude s’inscrit dans le courant de recherche en analyse de l’activité : il s’agit de l’approche écologique des situations de formation qui vise à étudier les situations telles qu’elles se présentent aux sujets : de l’ordre de l’évidence, de la quotidienneté de la pratique sociale (Dosse, 1995), mais aussi dans leurs systèmes d’interactions denses, autant influencés par un environnement (écosystème) qu’infléchissant cet environnement (milieu).
La question de l’oral de soutenance perçu comme évaluation formatrice est abordée selon la question de recherche suivante : à quelles conditions l’oral de soutenance du mémoire de recherche peut-il constituer un temps de formation, dans un contexte de tension qui caractérise toute épreuve pour l’obtention d’un diplôme universitaire ?
Les résultats saillants de l’étude démontrent que la diffusion d’un document de cadrage, accompagné d’une grille d’évaluation du mémoire (rapport + soutenance) transmise et explicitée en amont, ne constituent pas forcément une ressource pour la réussite de l’épreuve. Ces documents contribuent certes à la construction des 3 premières compétences du référentiel mais ont tendance à inhiber les compétences d’expression orale du fait d’une tendance à la conformation à un genre professionnel, sans prise en compte du style de chacun.
Les pistes praxéologiques proposées concernent un dispositif de formation à l’improvisation théâtrale susceptible d’outiller les enseignants chargés d’étayer les pratiques langagières des étudiants qui leur sont confiés.