Sages-femmes libérales et sages-femmes de la Protection maternelle et infantile : une coopération très contrastée
Abstract
Cet article s’attache à rendre compte des relations entretenues entre les sages-femmes exerçant en cabinet libéral et les sages-femmes salariées des services de la Protection maternelle et infantile (PMI). L’analyse prend appui sur trois enquêtes par entretien semi-directif réalisées auprès de quelque 150 professionnelles indépendantes et salariées. Les résultats soulignent que les sages-femmes de ces deux segments sont amenées à accompagner des jeunes mères et des nourrissons en situation de vulnérabilité. Pour autant, les pratiques de coopération autour de ces situations communes restent disparates. Certes les compétences des unes et des autres sont reconnues, mais les informations mutuelles circulent mal et les sages-femmes libérales, en particulier, rencontrent des difficultés malgré leurs sollicitations à collaborer avec leurs homologues de la PMI. Quand les relations se déroulent sous le signe de la bonne entente, de la confiance, voire de l’entraide, cela tient à des connaissances interpersonnelles. Cette situation s’explique notamment par l’accaparement à la tâche des sages-femmes de la PMI, amenées à se recentrer de plus en sur des missions d’action sociale et de protection de l’enfance. Par ailleurs, les tensions financières que connaissent les services de la PMI dans nombre de départements ont pour conséquence des situations très contrastées, suscitant ici et là des méfiances réciproques et des craintes de concurrence.