« Revenir chez soi après un accouchement : quelle coordination entre professionnels de la périnatalité ? »
Résumé
Dans notre pays, les conditions du retour à domicile des femmes après un accouchement ne sont pas optimales. Depuis quelques années, des efforts sont réalisés afin de mieux organiser la sortie de maternité et de proposer une offre de soins et d’accompagnement répondant aux besoins spécifiques des femmes en période postnatale. Ces améliorations présupposent une meilleure articulation entre les différents professionnels et services impliqués dans le champ de la périnatalité. Notre présentation explore les interactions entre ces différents acteurs à partir du métier de sage-femme libérale et de la place que ces professionnelles occupent au sein de 3 dispositifs : le Programme d’accompagnement de retour à domicile - maternité (PRADO), les réseaux de périnatalité et les services de la Protection maternelle et infantile (PMI).
Dans le cadre du PRADO, les sages-femmes libérales peuvent être sollicitées pour suivre les jeunes mères et leurs nouveau-nés à domicile après leur sortie de la maternité. La profession est partagée quant à l’intérêt de ce service. Pour certaines professionnelles, il s’agit d’un moyen de travailler de concert avec les maternités hospitalières et de déployer leurs compétences dans le domaine de l’accompagnement postnatal considéré comme le « coeur du métier ». D’autres, plus réservées, déplorent ne pas connaître préalablement les femmes visitées à leur domicile et regrettent que celles-ci ne soient pas suffisamment informées des modalités de ce dispositif afin de mieux préparer leur sortie de l’hôpital. D’autres, plus réticentes encore, pointent les contraintes d’ordre organisationnel inhérentes à leur participation au PRADO tout en dénonçant la fluctuation des demandes au gré des besoins des maternités.
Un réseau de santé en périnatalité est « une structure de coordination, d’appui, d’évaluation et d’expertise médicale exerçant des missions dans le champ de la santé périnatale, en amont et en aval de la naissance. Il intervient sur l’ensemble d’un territoire régional ». De fait, il est appelé à coordonner les initiatives des maternités, des centres périnataux de proximité, les services de la Protection maternelle et infantile et donc à faire travailler ensemble des professionnels issus de modes d’exercices divers, y compris les sages-femmes exerçant en libéral. Ces dernières se révèlent assez peu investies dans ces réseaux. Accaparées à la tâche, elles apprécient les opportunités en matière de formation courte, mais souvent cela ne va pas au-delà. Elles optent plutôt pour la valorisation des interconnaissances nouées au fil des occasions de rencontre avec leurs homologues de telle ou telle maternité et elles tissent ainsi leur propre réseau fait de liens transitifs, considérant alors que les réseaux de « périnat’ » sont plus affaire de coordination entre maternités.
Ponctuellement le plus souvent, les sages-femmes libérales sollicitent ou sont sollicitées par la PMI. Elles connaissent assez bien ces services et généralement elles apprécient leur réactivité. Là encore, ce sont les relations interpersonnelles qui comptent le plus à leurs yeux, et dans ce cas la confiance partagée voire les échanges de services sont bien appréciés. Pour autant, il n’y a pas unanimité et par ailleurs bien des critiques sont émises vis-à-vis de l’institution, à l’heure où bien des Conseils départementaux infléchissent leurs missions, sinon les déshabillent, avec à la clé des problèmes de non-remplacement, etc.