Le cheval d'orgueil de Pierre-Jakez Hélias : un modèle d'autobiographie collective
Résumé
Pierre-Jakez Hélias a publié Le cheval d'orgueil en 1975. Avant de devenir l’un des ouvrages célèbres de la collection Terre Humaine, le texte a été en partie publié sous forme de chroniques hebdomadaires bilingues dans La Bretagne à Paris puis dans Ouest-France. L’auteur dispose chaque semaine d’une soixantaine de lignes et semble avoir toute liberté quant à leur contenu, ce qui explique la variété des sujets et de leurs modes de traitement. L’emploi de la première personne, par exemple, bien que majoritaire, n’est pas systématique dans les chroniques. Assez vite un thème large se dégage, il s’agit de décrire la société paysanne traditionnelle bretonne. Suite à la proposition de Jean Malaurie, ces chroniques vont être compilées afin de constituer un ouvrage ; l’éditeur trouve le titre mais l’auteur tient au sous-titre Mémoires d’un Breton du Pays Bigouden. Ce sous-titre exprime clairement l’objectif de Pierre-Jakez Hélias : il va se baser sur sa propre vie, certes, mais il va aussi se présenter comme un Breton, c'est à dire faire de son expérience personnelle celle des gens de sa génération et même celle de plusieurs générations de Bretons. L’auteur ne semble pas souhaiter présenter son expérience comme extraordinaire ; il la veut, au contraire, représentative. L’exemplarité inhérente au genre autobiographique est ainsi lissée, atténuée par la volonté de représentativité exprimée par l’auteur mais sans que ces objectifs, en apparence contradictoires, ne créent de hiatus dans le discours. Au contraire, le lecteur passe sans s’en rendre compte de la dimension personnelle à l’aspect collectif ou inversement sans rupture dans le ton ou la forme du texte.